Comme toutes les petites filles, Raphaëlle s’agace d’une séance photo qui dure un peu trop à son goût. La fillette de 4 ans a bien plus envie d’aller jouer que d’aider sa maman à faire la promotion de sa baby-entreprise. Toutes les deux portent un T-shirt sur lequel est brodée la phrase « Ouais et alors ». Il s’agit de la marque de prêt-à-porter que Laëtitia Henry, 35 ans, vient de créer. Cet enchaînement de trois mots est la clé de voûte de ce qui a amené cette habitante de Saint-Jacques-sur-Darnétal à monter sa boîte.
Tout est parti d’un déclic qui s’est produit il y a deux ans. « Nous étions en vacances et j’étais sur le bord d’une piscine avec ma fille, raconte Laëtitia. Une personne a regardé Raphaëlle avec insistance sans même se soucier de ma présence. » Pour évacuer ce moment gênant, elle plaisante avec Jean-Baptiste, son conjoint, en lui racontant la scène. « On s’est dit, en rigolant, qu’on allait écrire “Ouais et alors” sur le body de notre fille. » Une boutade destinée à désamorcer une émotion négative provoquée par ce regard inquisiteur.
Une entreprise à l’image de ses valeurs
Des yeux curieux, bienveillants ou qui le sont moins, Laëtitia et Jean-Baptiste en voient beaucoup se poser sur leur petite fille. « Quand on est différent, peu importe ce qu’on est, il y a toujours ce type de regard ». Du coup, la maman de Raphaëlle a eu l’idée de leur répondre avec le sourire et l’inscription « Ouais et alors » brodée sur la poitrine. Ça fonctionne quand on est porteur de n’importe quel handicap, mais aussi si on a les cheveux roses, les bras couverts de tatouages ou qu’on porte des claquettes avec des chaussettes…
Laëtitia était aussi, au moment où son déclic s’est produit, en pleine reconstruction professionnelle. Elle avait quitté son emploi dans les assurances. Un métier qu’elle a eu l’opportunité d’exercer après avoir été pendant six années préparatrice en pharmacie. « Je m’étais dit qu’il n’y avait pas de possibilité d’évolution sur la première formation que j’avais choisie. Donc, à 25 ans, j’ai repris mes études pour passer un BTS Négociation et relation client », retrace Laëtitia qui connaît donc son aptitude à rebondir.
Une reconversion pour la bonne cause
Pour sa troisième vie professionnelle, la trentenaire a voulu créer une entreprise à l’image de ses valeurs, une entreprise engagée. Ses pièces de prêt-à-porter seraient forcément « propres » et fabriquées en France. Après toute la phase d’études et d’accompagnement avec la CCI, la jeune femme a pris contact avec la société Lemahieu, dans les Hauts-de-France, la dernière bonneterie de France qui a fait renaître l’envie de porter du 100 % français. Pour la broderie et le logo (le symbole différence) sérigraphiés, elle a travaillé avec SFI à Barentin. Une campagne de commandes en prévente et de dons a été lancée sur le site Ulule. Mardi, Laëtitia avait recueilli un peu plus de 5 200 € (dont 120 T-shirts commandés). « Cette campagne se termine jeudi 17 décembre au soir. Dès samedi, le site internet de la marque prendra le relais. »
La troisième finalité de Ouais et alors, quand les bénéfices commenceront à être engrangés, sera d’en verser une partie à une association qui lutte contre le harcèlement scolaire. Laëtitia Henry n’entend pas changer le monde. Mais apporter sa pierre à l’édifice d’un monde meilleur pour sa petite Raphaëlle et son fils aîné Élias, très certainement, oui.
Infos pratiques
T-shirts Ouais et alors, en modèles femme, unisexe et enfants (de 2 à 14 ans), de 34,90 € à 39,90 €. La marque est présente sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram et Twitter.
Site internet : www.ouaisetalors.fr
E-mail : contact@ouaisetalors.fr